A l'instant où je vous écris, nous sommes plongés dans une phase de grave incertitude politique, impactant immanquablement nos affaires, et bien au-delà. Espérons que le pire, le chaos institutionnel, n'advienne pas. Notre pays a un impérieux besoin de stabilité et d'une trajectoire crédible de rétablissement de ses finances publiques.
Dans ce panorama, donc d'incertitude, une certitude existe cependant : la dégradation manifeste de la conjoncture et de notre compétitivité, dans la quasi-totalité des secteurs. Même s'il prend une acuité plus marquée encore en France, ce constat a été partagé lors de notre « trilatérale » avec mes homologues italien et allemand, aussi déterminés que nous à « ouvrir les yeux » tant de nos gouvernants nationaux qu'européens. Ursula von der Leyen semble l'avoir compris, en s'exprimant avec volontarisme ce matin devant le Parlement européen : nous veillerons que ces déclarations de bonnes intentions se traduisent par des décisions, notamment sur l'indispensable simplification.
Le « hic », c'est que cette certitude quant à la situation économique n'est pas assez prise en compte par beaucoup de nos décideurs politiques français. Alors que d'évidence la croissance ralentit, que le marché de l'emploi (privé !) se retourne et que les procédures collectives continuent à augmenter, la plupart des derniers arbitrages budgétaires sont décalés de cette réalité, quand ils ne l'aggravent pas. J'en veux pour preuve la proposition de versement mobilité régional qui alourdirait encore davantage le coût du travail, obérant la compétitivité des entreprises et menaçant l'emploi partout dans les territoires.
En regard, je mesure et partage votre sentiment, qui va de l'incompréhension à la consternation, parfois à la colère.
Il nous faut rester d'un sang-froid absolu et assumer nos responsabilités, sans jouer les boutefeux, mais pour autant, diraient les militaires, « sans esprit de recul ». Nous l'avons fait collectivement, en nous mobilisant sur les allègements de charges. Cette mobilisation sans précédent , à l'initiative du MEDEF, a été en bonne partie efficace : à ce stade, nous avons obtenu que la mesure initialement envisagée, contraire à la compétitivité, à l'emploi et aux revalorisations salariales, soit atténuée de 60%, soit 2,4 milliards d'euros. Ça n'est pas encore suffisant, en particulier pour les salaires intermédiaires, dans les secteurs les plus exposés à la concurrence internationale. Nous poursuivrons ce combat, en totale solidarité avec nos branches concernées. Je remercie les parlementaires qui sont à nos côtés sur ce dossier.
Dans le respect républicain, et sans jamais perdre de vue la dangerosité du contexte politique, nous continuerons à nous battre. Pas pour défendre d'égoïstes intérêts catégoriels, comme certains essaient de le faire croire, mais parce qu'avec nos salariés nous portons une part essentielle de l'intérêt national et de l'avenir de notre pays. Et en proposant systématiquement des solutions alternatives crédibles pour redresser les finances publiques, n'affaiblissant pas notre potentiel productif : d'abord baisser le coût des dépenses publiques courantes et des régimes sociaux !
Nos responsabilités, nous les avons également assumées en étant, nous MEDEF, des éléments moteurs des récentes signatures des accords « seniors » et « assurance chômage ». C'est également dans cet esprit que j'ai signifié à notre Ministre du Travail et de l'Emploi que nous pourrions nous prêter à la concertation qu'elle a initiée sur les retraites, sous réserve que le rendement financier déjà insuffisant de la dernière réforme ne soit aucunement dégradé, que le sujet désormais urgent du financement global de notre protection sociale soit adressé, enfin que nos conditions d'exploitation ne soient pas affectées par une nouvelle complexification du droit du travail.
Responsabilité, mais exigence sans faiblesse, donc !
Patrick Martin
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